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Les forêts tropicales
fournissent tout un ensemble de biens et services nécessaires à la survie
et au développement des sociétés humaines. Parmi ceux-ci, on peut relever
: la production de bois d'œuvre, de bois de service et de bois-énergie,
celle de produits forestiers non ligneux (PFNL), l'existence de sites
récréatifs et touristiques, de sites destinés aux rites magico-religieux,
et de sites pour l'éducation et la recherche, etc.
Avec la diminution prévisible des rentrées de devises liées aux activités
pétrolières et minières, les gouvernements se tournent de plus en plus
vers la valorisation des ressources forestières : le bois, bien sûr, mais
aussi toutes les autres possibilités d'exploitation des forêts telles
que les plantes médicinales ou même le tourisme.
Dans les pays d'Afrique centrale, le secteur forestier est souvent le
deuxième employeur après la fonction publique. C'est aussi un pourvoyeur
de devises important pour la région. La production de bois d'œuvre industriel
s'est élevée en 1998 à plus de 12,3 millions de m3 pour les pays d'Afrique
centrale et à plus de 15,6 millions de m3 pour l'Afrique occidentale,
région où les forêts sont maintenant très appauvries et fragmentées (dont
plus de 9,4 millions pour le Nigéria et 3,1 pour la Côte d'Ivoire).
En Afrique centrale, on a pu constater une forte augmentation des productions
forestières au cours des 10 dernières années et surtout un envol à partir
de 1993-1994. La crise financière asiatique de 1997-1998 a freiné quelque
peu cette expansion mais elle a repris depuis, au moins dans les pays
de la façade atlantique. L'exploitation forestière industrielle a démarré
à la fin du siècle dernier en Afrique de l'Ouest et puis dans les zones
côtières d'Afrique centrale. Elle s'est ensuite répandue vers l'intérieur
des terres et couvre maintenant en totalité les pays d'Afrique centrale
à l'exception de la République Démocratique du Congo (RDC). Après avoir
parcouru l'Afrique occidentale et la majeure partie de l'Afrique centrale,
les grands groupes d'exploitants forestiers se tourneront sans aucun doute
à terme vers la RDC. Toutefois, la situation politique toujours instable
y entrave depuis plusieurs années le développement du secteur.
Bien que les exportations provenant de pays tels que le Libéria puissent
servir à financer la guérilla, les pays d'Afrique de l'Ouest consomment
pratiquement toute leur production alors que ceux d'Afrique centrale l'exportent
en grande partie. Partout, l'exploitation illégale est en plein essor
et pourrait représenter des ordres de grandeur similaires à l'exploitation
officiellement comptabilisée.
Les produits forestiers non-ligneux (PFNL) incluent les fruits, les noix,
les feuilles, les écorces, le bois de feu et la viande de brousse. Ces
produits forestiers contribuent à la sécurité alimentaire des populations
rurales et urbaines de l'Afrique centrale et fournissent des revenus et
des emplois aux ménages ruraux.
La crise économique qui a frappé la région, les politiques d'ajustement
structurels prônées par les institutions internationales, la dévaluation
du Franc CFA et la mévente des produits agricoles tels que le Cacao ou
le Café, ont augmenté le niveau de dépendance des populations rurales,
mais aussi parfois urbaines, vis-à-vis des PFNL. C'est le cas pour les
plantes médicinales (en remplacement des médicaments devenus trop chers)
ou le vin de palme et les alcools locaux. Ces populations sont à la recherche
de revenus supplémentaires en dehors du secteur agricole et se tournent
de plus en plus vers les PFNL.
Les femmes sont très impliquées dans la collecte et la commercialisation
de ces PFNL. Hormis dans le cas de la chasse, ces deux activités sont
en effet traditionnellement réservées aux femmes et aux enfants. Le développement
des filières concernées peut permettre à ces femmes d'augmenter leur indépendance
financière et leur pouvoir dans le ménage. Cependant, en particulier au
Cameroun, le manque d'opportunités d'emploi en milieu urbain amène de
plus en plus les hommes à s'intéresser à la commercialisation des PFNL.
Dans tous les pays, le chômage urbain les pousse aussi à retourner au
village pour y exercer la chasse, une activité rapidement rémunératrice
au regard de l'investissement relativement faible qu'elle demande. Elle
a aussi l'avantage de pouvoir être pratiquée en fonction des besoins,
sans avoir à se tenir à une activité régulière.
La domestication et la culture des PFNL peuvent réduire la pression sur
les ressources naturelles et surtout procurer une offre supérieure en
qualité et en quantité, permettant le développement des filières en question.
Pour améliorer cette offre, d'autres conditions doivent être remplies,
dont l'amélioration de l'accès à l'information et aux infrastructures,
la réduction des coûts de transaction et l'amélioration des supports institutionnels
(comme par exemple l'accès au crédit pour les paysans et les commerçants).
Bien que les statistiques à ce sujet fassent largement défaut, le commerce
transfrontalier de certains produits semble très important. Cela devrait
inciter les gouvernements à mieux mesurer la contribution des PFNL dans
le développement économique et la diversification des exportations en
Afrique centrale, et de les inclure dans les statistiques nationales.
L'augmentation du commerce régional des PFNL exige un accroissement des
investissements publics pour le développement des infrastructures, la
clarification des règles qui régissent leur production et leur commercialisation
ainsi que l'harmonisation des politiques fiscales entre les pays.
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